Il y a presque deux décennies nous organisions un colloque intitulé sans vergogne « Des Hommes de revues », (suivi d’une récidive avec la publication des actes dans notre revue)*. Hommes de revues ? Mais, où étaient donc passées les femmes ? Pourtant sincèrement nous n’avions pas l’impression d’avoir oublier quelqu’un, quelqu’une… Aucun sentiment d’être affligé de myopie sexisme. Ah si ! quand même émergeait une figure de mécène, Marguerite Caetani…
Mécène, muse, ou plus ordinairement et durablement secrétaire de rédaction : n’était-ce pas dans ces actrices à la fois précieuses et subalternes que le théâtre des revues découpait ses figures féminines ? Et la mémoire de quelques femmes revuistes – allez-y, la liste est courte – n’infirmera pas cette règle misogyne. Dans les jeux de pouvoir et d’influence qui régissent les revues, les femmes furent longtemps comptées.
Les temps ont heureusement changé – nous y regarderions à deux fois avant de titrer un colloque du même genre – : des femmes nombreuses ont créé des revues, s’émancipant, au demeurant, du seul domaine littéraire qui leur semblait délicatement octroyé. Il n’est plus de champ du savoir qui ne compte des revues qu’elles ne dirigent aussi : on imagine sans peine qu’il ne leur fut pas aisé de trouver, ni de prouver sur ce territoire, comme sur tant d’autres, leur légitimité. De tailler dans la domination masculine.
De ce mouvement irrésistible, les allées du Salon témoignent, alors quoi de plus normal que les tables rondes s’en fassent, elles aussi, l’écho : plus de la moitié d’entre elles est dévolue à des « femmes de revues ». Imparité !
> Conférence Maurice Fontanel > À quoi sert une revue ?